«Mon truc en plumes»
- Martin PénetEt puis donc, vous êtes revenue plusieurs fois, plusieurs saisons de suite à l’Alhambra !
- Zizi JeanmaireOui, alors après cette saison-là, nous sommes partis à Londres avec Michel Legrand pour faire un spectacle de music-hall mais je dansais quand même dans la première partie un ballet, sur pointes, et puis dans la deuxième partie, je chantais. Et c’est là où Roland m’a fait les éventails, Le Truc en plumes , avec trois éventails, c’est là que ça s’est déclenché.
- Martin PénetMais presque par hasard puisque en réalité, c’était pas encore le numéro définitif !
- Zizi JeanmaireNon !
- Martin PénetCe serait intéressant que vous nous racontiez euh…
- Zizi JeanmaireComment ça s’est passé ?
- Martin PénetVoilà, quelques étapes avant d’arriver à sa forme définitive !
- Zizi JeanmaireAh ben ça, c’est pas difficile hein ! C’est-à-dire qu’on a commencé par trois éventails, et puis Jane Breteau à nouveau est revenue à Londres pour regarder parce qu’elle me suivait de près. Alors elle est venue et elle a vu Le Truc en plumes . Et puis elle a, elle m’a dit, oh, faut revenir à l’Alhambra pour faire un spectacle ! Ah bon !
- Martin PénetÀ l’époque, est-ce que c’était déjà la chanson qu’on connaît tous ?
- Zizi JeanmaireNon, c’était une chanson de Constantin, une musique de Constantin, dont les paroles étaient de Constantin, et les paroles, Roland n’avait pas fait attention aux paroles parce que moi, j’adorais la musique, je trouvais ça épatant et j’avais envie de chanter ça. Et il s’est pas occupé des paroles, il a fait son numéro là-dessus avec trois éventails mais c’était en réalité "Quand on s’est dit qu’on s’aime d’amour" et cetera, ça n’avait rien à voir avec…
- Martin PénetCe que c’est devenu après !
- Zizi JeanmaireAvec ce que c’est devenu après. Et nous sommes rentrés à Paris, Roland m’a dit, c’est pas possible de faire à l’Alhambra, d’abord je vais faire Le Truc en plumes avec 12 danseurs, et puis à ce moment-là, il a été trouvé Constantin, il lui a dit, ça n’est pas possible. Tes paroles ne sont pas possibles avec ce qui se passe sur scène, bon ! Constantin qui était assez paresseux, disons, il a dit, bon ben écoute, demande à qui tu veux, ça s’est passé comme ça ! Et Roland lui a dit, j’ai envie de demander à Dimey, alors on a été voir Dimey parce que Constantin trouvait ça très bien et Dimey m’a dit, mais c’est quoi ce numéro, qu’est-ce que tu fais ? Et je lui ai dit, moi je fais un truc avec des plumes, un truc en plumes, un truc de plumes. Il m’a dit, mais voilà, bon ben on a le titre, on va faire Mon truc en plumes . Puis voilà, ça a démarré comme ça ! En fait, les paroles sont pas des paroles géniales, hein, mais ça va très bien avec le numéro.
- Martin PénetBen c’est ça, ça colle exactement avec ce qui se passe !
- Zizi JeanmaireÀ ce qui se passe !
- Martin PénetAlors, heureusement ça a été filmé à de multiples reprises mais là on est, on est à la radio donc peut-être vous pouvez nous décrire quand même le principe de ce numéro ?
- Zizi JeanmaireLes garçons sont habillés en noir. Donc en principe, on met un rideau noir derrière et comme ça, on ne les voit pas.
- Martin PénetOn voit que les éventails de plumes d’autruches roses, voilà !
- Zizi JeanmaireVoilà, et moi, avec ces éventails, je joue, alors ! Ça commence avec trois éventails, où ils ouvrent, ils ferment l’éventail, où je bouge, où je fais la samba où, et puis on met un éventail derrière pour me faire comme une queue d’éventails, comme ça !
- Martin PénetDans le dos, oui !
- Zizi JeanmaireDans le dos, on fait différentes poses derrière la tête, bon et cetera, et puis après, quand j’ai fini les trois éventails, après, je vais en coulisse et je ressors de la coulisse, je ressors avec 12 éventails qui sont les uns derrière les autres, très bas, presque sur la terre avec des éventails qui me suivent en faisant une longue queue d’éventails. Et puis après, bon ben je monte dans les bras de quelqu’un, enfin je joue avec, ils me font une jupe, enfin c’est très spectaculaire, voilà !
- Martin PénetDonc, c’est Roland Petit qui a imaginé tout ça ?
- Zizi JeanmaireOui !
- Martin PénetEt est-ce que vous savez ce qui lui a donné l’idée de jouer comme ça avec les éventails de plumes ?
- Zizi JeanmaireNon, non, non, il avait vu, il y a des éventails de plumes partout, hein, au Casino il y en avait, partout il y en avait…
- Martin PénetC’est un des grands poncifs du music-hall, de toute façon, bien sûr !
- Zizi JeanmaireMais ce qu’il y a, c’est qu’il l’a, pour moi avec ce numéro, il a transcendé les éventails en les mettant, en les faisant bouger d’une certaine manière, autrement que ce qu’on faisait avant, voilà.
- Martin PénetEt est-ce que vous auriez aimé comme par exemple Mistinguett, porter des plumes sur la tête, mais parfois elle portait des choses assez lourdes, hein !
- Zizi JeanmaireOui, moi j’aime pas ça, non, enfin, c’était pas mon genre en tous les cas, c’était pas mon style. C’est pas que j’aime pas ça, je trouve ça très joli sur d’autres gens mais moi, je ne suis pas, c’était pas mon truc de toute façon, non. J'ai porté que des grands manteaux de plumes. J’ai porté des choses, plumes sur les reins, j’ai fait tout, mais j’ai pas, j’ai mis des boucles d’oreilles de temps à autre mais j’ai jamais rien mis d’autre !