Claude Santelli [01:42:26]

Françoise Verny et «Les cent livres des hommes»

  • Claude Santelli
    On sort de 68 et c'est l'époque où euh... je fais une connaissance... connaissance avec quelqu'un qui est devenu fondamentale dans ma vie, c'est Françoise Verny. Pas la peine de la présenter, tout le monde connaît Françoise Verny qui à l'époque était aux éditions Grasset... Dans ma jeunesse, j'avais été lecteur à un moment euh... chez Grasset, donc j'étais très attaché à cette maison, à son directeur Bernard Privat qui est mort y'a bien dix ans, qui était un homme adorable et intelligent et charmant. Donc Françoise avait un poste extrêmement important à l'époque. Je vous parle de 68. Et dans les journées de 68 où tout le monde avait une vie plus ou moins loufoque à travers Paris, une grève, un colloque, un machin, une réunion syndicale, je ne sais pas quoi euh... Françoise s'occupait aussi, elle s'occupe toujours de plusieurs choses à la fois, des, de la maison Pathé. Pathé, pas cinéma, mais Pathé photo et qui était avenue Montaigne et nous nous retrouvions, c'est bizarre dans une espèce d'atmosphère de Paris des, des journées d'été au bar anglais du, du Plazza où on tenait conseil quasiment tous les soirs à cinq heures. Et c'est là donc que je me lie de plus en plus avec Françoise Verny qui me connaissait déjà. Arrive la fin de 68, je n'ai plus Livre mon ami, Françoise était assez amie avec André François et nous lançons Françoise et moi une série qui a compté beaucoup qui s'appelle Les Cents livres des hommes. Voilà. Le premier numéro... Donc, André François nous a complètement piloté. Ça voulait dire quoi, pour moi c'était une évolution, c'était le passage à une autre époque là aussi, c'est ça qui est important. C'est-à-dire que j'avais fait énormément déjà, ne serait-ce que pour Le théâtre de la jeunesse et ensuite les adaptations de grands livres et je pensais qu'il fallait transcender la simple adaptation. Parler des livres, mais de quelle manière ? Encore une fois, pas d'une façon trop savante parce que mon idée sur la largeur et la diversité du public.... n'avait pas changé. Et nous trouvons cette formule. D'abord, les Cents livres. , ça c'est l'idée de Françoise il faut bien le dire. C'est-à-dire qu'y a cent livres idéalement, qui sont des livres qui ont marqué l'humanité et en réalité... et en général, c'est vrai et c'est pas vrai, je crois que c'est assez vrai, ces livres sont très connus par leur titre et le sillage de leur célébrité, mais finalement méconnus. Y'a une manière de redécouvrir et de remontrer pourquoi ces livres sont devenus des livres euh... idoles de l'humanité et on a très vite fait une espèce de liste qu'on a suivie ou pas suivie et le... On nous donne comme tranche euh... le dimanche à midi et demi, je crois que c'est ça. La première... on commence par faire trente minutes, au bout d'un moment, on a pensé que trente minutes c'était pas suffisant, on a fait cinquante minutes. Ça veut dire... Radiographie d'un grand livre. On a commencé, disons tout de suite les premiers titres euh... Le premier, c'est Quatre-vingt treize de Victor Hugo, donc je reprenais la même idée, le même genre de répertoire élargi bien sûr euh... du Théâtre de la jeunesse, le second, c'était Anna Karénine, on a fait ensuite L'île mystérieuse de Jules Verne, on a fait euh Aragon... Bon, bref. L'idée c'est : qu'est-ce que c'est que ce livre ? Donc on a chaque fois un guide ou des interviews de quelqu'un qui sait euh... parler de ce livre. On a s'il y'a des films, des extraits, à peine mais c'est le contraire d'une adaptation et c'est vraiment pour repousser l'adaptation. Nous avons souvent, habillé ou pas des grands comédiens qui lisent ou qui jouent une scène, juste une scène du livre en question. Je me souviens qu'on avait Pierre Dux pour jouer le capitaine Nemo, qu'on avait dans Quatre-vingt treize euh... un magnifique duo entre Pierre Mondy et Suzanne Flon euh... Comme ça, juste une partie, pour donner un éclairage, c'était pas plus que ça. Et cette série donc, nous en avons fait, je crois euh... On avait annoncé 100, bien sûr, on pensait jamais aller à 100. Vers les, vers les trente euh... Madame Baudrier nous a arrêté.