Née en 1927 dans la bourgade alsacienne de Schirrhoffen, Denise Kahn est une rescapée de la Shoah, dont furent victimes ses parents et deux de ses frères. Le père, Sylvain Kahn, marchand de bestiaux depuis cinq générations dans le même village et responsable de la synagogue construite en 1817, choisit, après une tentative d'immigration aux Etats-Unis avant 1914, de s'installer à Paris à la suite de l'invasion allemande de 1940. Recluse dans une semi clandestinité, la famille Kahn est dénoncée par la concierge de son immeuble d'habitation de la rue d'Enghien, dans le Xème arrondissement, et arrêtée à l'aube du 7 mars 1944 par le service des affaires juives de la Préfecture de police, qui ordonne son internement au camp de Drancy. Denise est déportée à Auschwitz par le convoi 70 du 27 mars 1944, avec son père Sylvain, cinquante-trois ans, sa mère Suzanne Reblaub, quarante-cinq ans, ses frères Armand et Roger, ainsi que son petit frère André qui sera, avec elle, seul rescapé. Protégée par son aînée Hélène Dreyfus, Denise Kahn parvient à survivre aux épreuves des kommandos d'Auschwitz, à son évacuation en novembre 1944 en direction du camp mouroir de Bergen-Belsen, puis du commando de Raguhn dépendant de Buchenwald, avant de gagner Theresienstadt libéré par l'Armée rouge. Rapatriée en juin 1945 à l'hôtel Lutetia à Paris, elle s'installe deux années dans sa famille du Lot, puis aux Pays-Bas jusque dans les années 1950. Ce n'est qu'en 2005 que Denise Swaab-Kahn a pu revenir sur le site des camps d'Auschwitz, tant elle fut habitée, pendant des décennies, par un impératif de refoulement.