Léon Lehrer [04:23:19]

Biographie


Né à Paris en 1920 de parents juifs réfugiés de Roumanie, Léon Lehrer a grandi à Montmartre. Sous le titre Un Poulbot à Pitchipoï, il a consigné en 1998 ses souvenirs d'ancien déporté. Ancien combattant des tranchées proche de la SFIO, son père, le tailleur Samuel Lehrer, naturalisé français en 1927, peine à nourrir cinq enfants qui sont donc mis en apprentissage après le certificat d'études. A l'âge de douze ans, Léon est apprenti électricien, tandis que sa mère rêve d'en faire un chantre de synagogue. Il est mobilisé en 1939 comme téléphoniste civil à la Plaine Saint-Denis. De 1940 à la Libération, Samuel Lehrer et son épouse Maly Rosenfeld échappent à l'arrestation, grâce à la complicité des policiers du commissariat du XVIIIème arrondissement parisien, tandis que leurs enfants, parmi lesquels un fils prisonnier de guerre évadé, gagnent Toulouse en 1942. Le 26 novembre 1943, Léon y est arrêté avec sa sœur Louise, lors d'une rafle opérée par la police française au domicile de son beau-frère, David Stoliarsky. Louise abandonne sa fille de cinq ans et tous deux sont transférés de la prison Saint-Michel de Toulouse au camp de Drancy, où ils arrivent le 16 décembre 1943. Dès le lendemain, Louise Stoliarsky est déportée à Auschwitz. Léon Lehrer bénéficie, en sa qualité d'électricien, d'une situation de semi-liberté à l'intérieur du camp de Drancy, avant de choisir de rejoindre sa sœur, par le convoi du 20 janvier 1944. Tondu et tatoué, Léon est intégré à un kommando chargé de prolonger la rampe d'accès à Birkenau, avant de se faire passer pour ingénieur électricien et d'intégrer un kommando de travail composé de Français, au sein de l'usine de caoutchouc synthétique du camp satellite de Buna Monowitz. Témoin du massacre de masse des enfants juifs, Léon est sauvé par la solidarité de son compatriote Joseph Wolfovitch, qui l'accompagne lors des marches de la mort de janvier 1945 en direction du camp de concentration de Buchenwald. Transféré début mars à l'usine de Sonnenberg, puis évacué par les SS, il fait partie d'une colonne libérée par l'armée américaine dans la campagne bavaroise. Rapatrié à Paris par avion depuis Duisbourg, Léon réchappe au typhus qui emporte son camarade Lucien Elkind quelques jours après leur rapatriement. Devant l'incompréhension et l'indifférence de ses proches, il garde plus de cinquante ans le silence sur son expérience.