Felicia Barbanel-Combaud [03:07:00]

Biographie


Née en 1927 à Nancy d'un journaliste juif polyglotte, Joseph Barbanel, venu de Varsovie pour un contrat de mineur en Lorraine, Félicia Barbanel, aînée de Thérèse et de Rosette, est la seule de sa famille à être naturalisée française. Devenu représentant de commerce après être retourné se marier au pays, Joseph est, à l'instar de son épouse Mania (Marie), très intégré à la communauté juive polonaise de Nancy, conservatoire de la culture yiddish. Tandis qu'il s'engage dans les régiments polonais stationnés en France, Mania et ses filles font partie des réfugiés évacués en novembre 1939 dans le Bordelais, puis repoussés, en tant qu'étrangers, des régions littorales par l'ordonnance allemande du 26 novembre 1940. Recensées comme juives, elles sont arrêtées par les Allemands à Berthegon, près de Poitiers, le 15 juillet 1941, ce qui constitue la première rafle de 339 Juifs réfugiés dans la Vienne, puis internés au camp de nomades dit « de la route de Limoges ». Transférée le 18 juillet 1942 au camp de Drancy, Marie Barbanel est déportée deux jours après à Auschwitz. Ses filles, elles, ont été libérées du camp de Poitiers dès le 24 novembre 1941, en même temps que les autres enfants, grâce à l'intervention du rabbin Elie Bloch. Originaire de Metz, aumônier des camps d'internement de l'Ouest, ce dernier devient en 1942 délégué régional de l'Union générale des Israélites de France (UGIF), et cache à son domicile de Poitiers les sœurs Barbanel, avant d'être arrêté le 11 février 1943 et transféré le 24 à Drancy avec son épouse Georgette Samuel et leur fille Myriam, prélude à leur déportation à Auschwitz en décembre, en même temps que les premiers dirigeants de l'UGIF. Félicia est alors hébergée par Régine Breidick, secrétaire du rabbin Elie Bloch, qui lui succède jusqu'en septembre à la tête de la délégation régionale de l'UGIF. De nouveau arrêtées puis libérées du camp de Poitiers, Thérèse et Rosette Barbanel, huit et douze ans, font partie, avec Félicia, des soixante-dix enfants juifs de la Vienne regroupés le 25 mai 1943, sur ordre des SS, dans les foyers parisiens de l'UGIF. Evadées le 9 août du foyer de la rue Lamarck, elles gagnent la zone sud grâce à la complicité de leur père, et, jusqu'à la Libération, sont dispersées dans des couvents ou dans des familles par le réseau Garel. Habitant toujours à proximité de l'ancien camp d'internement de Poitiers, Félicia Barbanel est un des derniers témoins de la destruction des trois quarts des Juifs réfugiés dans les régions du Poitou, de la Charente et de la Vendée.