Origines familiales
- (Silence)
- Bruno SerrouAlors François-Bernard Mâche, où et quand êtes-vous né ?
- François-Bernard MâcheJe suis né le 4 avril 1935 à Clermont-Ferrand.
- Bruno SerrouAlors qu'est-ce qui vous a, comment, pourquoi Clermont-Ferrand ?
- François-Bernard MâcheÇa, il faudrait le demander à mes parents, ils ne sont plus là pour répondre mais je peux répondre à leur place. Clermont-Ferrand parce que ma mère était de souche auvergnate donc elle était née dans cette ville et que mon père, lui, qui était parisien, est venu à Clermont-Ferrand pour y exercer son métier. Il a rencontré ma mère.
- Bruno SerrouAlors mâche, c'est un joli nom de salade, qu'est-ce que, quelle est l'origine de votre nom ?
- François-Bernard MâcheOui, c'est un nom qui est probablement picard d'origine, il semble que ça veuille dire une mâche de foin, une meule de foin, mais y a des, y a quelques personnes qui portent ce nom dans différentes régions de France.
- Bruno SerrouAlors ils sont, ils ont abouti à Clermont-Ferrand, mais quelles sont les origines familiales ?
- François-Bernard MâcheAlors, je suis originaire d'une famille de musiciens depuis assez longtemps. En fait, depuis un arrière-grand-père que je n'ai pas connu qui habitait le Mans et qui était né, je crois vers 1836, qui a exercé longtemps le métier de sabotier et il y a du y avoir une époque où, je ne sais comment, il est devenu musicien puisque à la fin de sa vie, on le retrouve luthier. Et son fils, mon grand-père que j'ai connu, habitait, était né au Mans et donc les origines paternelles sont de la Sarthe.
- Bruno SerrouEt du côté maternel ?
- François-Bernard MâcheMaternel, c'est l'Auvergne, la Corrèze, l'Auvergne.
- Bruno SerrouEt donc, vous dites que vos côtés paternels sont musiciens et du côté maternel ?
- François-Bernard MâcheAlors si ma mère qui était employée chez Michelin était en même temps musicienne amateur, elle avait appris le violon au Conservatoire de Clermont-Ferrand et c'est à cause de cela qu'elle a rencontré mon père. Parce qu'elle... elle était violoniste dans un orchestre de l'ASM, l'ASM, c'était l'Association Symphonique Montferrand aise qui était financée par Michelin et dont mon père était le chef d'orchestre et donc apparemment il s'est épris d'une de ses violonistes et j'en suis le résultat.
- Bruno SerrouQu'est-ce que faisait votre maman chez Michelin, elle ?
- François-Bernard MâcheJe crois qu'elle était comptable, quelque chose comme cela.
- Bruno SerrouDonc votre, vous dites que votre grand-père était donc, c'est votre arrière-grand-père qui était sabotier.
- François-Bernard MâcheOui.
- Bruno SerrouDonc vous dites, il est devenu luthier, qu'est-ce qu'y a, qu'est-ce qu'il faisait comme instrument, parce que la lutherie, y a énormément... ?
- François-Bernard MâcheJe n'ai, le seul instrument de lui que j'ai conservé, c'est un petit alto qui a un format d'ailleurs un peu bizarre, il est petit pour un alto mais nettement trop grand pour un violon, ça devait être une expérience. Et son fils, mon grand-père a eu une bourse de la ville du Mans pour étudier le violon. Moyennant quoi, il est allé au Conservatoire de Paris et muni d'un premier prix, il a été un des premiers violonistes d'une association qui venait de se monter, qui était les Concerts Lamoureux.
- Bruno SerrouD'accord, alors, vous a, est-ce qu'il vous a raconté un petit peu l'histoire de cet orchestre, qu'est-ce qui... ?
- François-Bernard MâcheNon, non, j'ai, mon grand-père est mort quand j'avais une quinzaine d'années, les souvenirs musicaux que je me rappelle à son sujet, c'est plutôt son, son jury. Il avait passé son prix de violon devant un jury présidé par César Franck et il me mimait la façon de parler de César Franck. Et quand je repense à ça, j'ai l'impression de, d'avoir vécu donc au XIXème siècle.
- Bruno SerrouEst-ce que vous avez dans l'oreille encore la façon dont César Franck s'exprimait ?
- François-Bernard MâcheOui, c'est ça.
- Bruno SerrouVous voulez pas nous essayer d'imiter ?
- François-Bernard MâcheC'est difficile parce que ce serait une imitation d'une imitation mais mon grand-père me disait : «Oui alors, si ce monsieur veut bien nous faire l'honneur de nous jouer quelque chose.» Comme ça, il avait une espèce de douceur évangélique et j'imagine mon grand-père en frac comme on était à l'époque, jouant du violon très ému devant César Franck.
- Bruno SerrouEst-ce que, chez vous, vous vous souvenez d'une ambiance, bon y a beaucoup de musiciens mais est-ce que, il y avait une ambiance musicale, est-ce que il y avait beaucoup de musique faite chez vous ?
- François-Bernard MâcheAbsolument, d'autant que, c'est pas seulement mon grand-père qui avait été musicien mais aussi un oncle que je n'ai pas connu et qu'on me citait souvent comme une, un grand génie disparu. Il était mort à la guerre de 14-18, j'ai des poèmes de lui, il était violoniste et compositeur et mon grand-père composait aussi et mon père composait un peu, donc je suis né dans une ambiance très musicale. Et comme mon enfance s'est déroulée pendant la guerre, non plus à Clermont-Ferrand mais au bout d'un moment à Montluçon, j'ai toujours été baigné dans la musique. Mon père était employé au casino de Néry les Bains, il dirigeait un petit orchestre de casino et donc, moi je jouais près de l'orchestre et j'écoutais ce répertoire de musique faite d'opérettes, d'arrangements de Wagner pour 5 instruments, enfin, la musique qu'on jouait dans les casinos à cette époque et c'est des souvenirs vagues mais assez... assez sensibles quand même. Et la première personnalité musicale qui m'ait frappé, c'était un musicien qui était dans cet orchestre de casino qui s'appelait [Bruet] et qui était un antillais, je crois, qui était une personnalité intéressante. Il vendait des martingales aux joueurs du casino, je sais pas si ça l'a fait gagner, en tous cas, il était souvent très fauché. Quand il était fauché, il allait chercher des escargots pour les vendre sur le marché et il avait des aventures féminines qui étaient multiples. Et une fois, une de ses aventures lui a libéré toute sa collection d'oiseaux, il avait une superbe volière, il avait perdu ses oiseaux. Et alors, au lieu de racheter des oiseaux, il s'est mis à élever des chats, c'est intéressant comme réaction. Puis il avait été inquiété pour, parce qu'il était plus ou moins lié avec des trafiquants d'armes, il avait été blanchi et le lendemain, il allait chanter à la messe. Et par ailleurs, je ma rappelle, il jouait du trombone et de la scie musicale. Donc voilà une des figures musicales de ma toute petite enfance.
- Bruno SerrouAlors, donc y avait violoniste, enfin votre, dans votre famille, votre famille était surtout les cordes.
- François-Bernard MâcheOui... c'était les cordes, mon père était violoncelliste et ma mère violoniste et donc, ils gagnaient leur vie soit en jouant soit en enseignant. Mon père enseignait le violoncelle à la maison mais aussi à l'Ecole de musique de Montluçon et ma mère pendant la guerre nous faisait vivre grâce aux classes de solfège et de violon qu'elle faisait pendant que mon père était parti à la guerre.
- Bruno SerrouDonc, elle ne travaillait plus chez Michelin ?
- François-Bernard MâcheNon, non, non, elle a cessé de travailler chez Michelin au moment où elle s'est mariée avec mon père en 1934.