Claire Schwartz (née Orloff) [01:37:01]

Biographie


Seconde enfant d'une famille juive laïque réfugiée d'Union soviétique en France, Claire Orloff naît à Paris en 1928. Russophone, elle apprend le français au contact d'une gouvernante. Son père Benjamin, né en 1885 dans une famille paysanne de la région de Gomel, ancien importateur d'hévéa qui a connu les geôles du Guepeou pendant un an et demi, ouvre deux magasins et un restaurant à Paris, puis connaît une faillite en 1936 avant de subir l' « aryanisation » de son commerce en 1941. La mère, Pauline Chapiro, née en 1899 à Kiev, est gynécologue. Bien que francophone, elle tombe sous le coup des lois Armbruster et Nast de 1933 et 1935, qui multiplient les obstacles à l'exercice de la médecine par des étrangers et par des naturalisés. De sa mère, Claire a hérité une vocation de médecin et, ultérieurement, un engagement socialiste. Arrêtés à leur domicile du square de la Motte-Piquet par la police française, le 16 juillet 1942, Claire, sa sœur aînée Ethel et leurs parents rejoignent à pied le Vélodrome d'hiver. Tandis que les personnes isolées et les couples sans enfants sont acheminés vers le camp de Drancy, 8 160 hommes, femmes et enfants sont concentrés dans le Vélodrome d'hiver, avant d'être transférés, entre le 19 et le 22 juillet, dans les camps du Loiret. Le 24 juillet, jour de ses quatorze ans, Claire est internée depuis deux jours à Pithiviers. Son père est transféré à Drancy le 30 juillet et déporté le lendemain à Auschwitz. Sa mère subit le même sort les 2 et 3 août. Transférées à leur tour le 15 août à Drancy, les deux sœurs, de nationalité française, échappent à la déportation parce que l'aînée a plus de seize ans. Scolarisée au camp, Claire y bénéficie, jusqu'à sa libération en février 1943, de la protection d'une cousine de Georges Kohn qui y dirige l'administration des internés. Pendant un an, Claire, qui a conservé un oncle et une tante habitant Paris, est abritée dans les foyers de l'UGIF, successivement rue Guy-Patin, rue Lamarck, puis au sein de deux homes pour jeunes filles : au 9 de la rue Vauquelin, foyer ouvert depuis janvier 1943 sous la direction de Françoise Mayer où le docteur Minkowski soigne les traumatismes des enfants internés, enfin au 31 rue Montevideo, petite structure d'une vingtaine de pensionnaires, d'où elle s'enfuit en février 1944 pour se réfugier à Levallois puis dans un couvent de Neuilly.