Nelly Scharapan [02:17:54]

Biographie


Née à Paris en 1936 dans une famille juive française laïque de sensibilité communiste, Nelly Scharapan a connu une expérience traumatisante d'enfant cachée, précocement séparée des siens et plongée dans un milieu perçu comme hostile. Prisonnier de guerre en Allemagne de 1940 à 1945, son père Félix, Juif français d'extraction modeste, bénéficie des protections de la convention de La Haye. Employée sténodactylo de l'Union générale des Israélites de France (UGIF), sa mère Aline Natanson, d'une famille juive d'Odessa, est vraisemblablement arrêtée lors de la rafle du 30 juillet 1943 au siège parisien de cette organisation, rue de la Bienfaisance. En tant qu'épouse française de prisonnier de guerre, Aline Scharapan échappe au sort de son père Moïse, gazé à Auschwitz. De Drancy, elle est transférée au camp parisien d'Austerlitz, ouvert fin octobre 1943, où sont triés les biens pillés par les Allemands dans les appartements et maisons appartenant aux Juifs. De retour à Drancy, elle est déportée au camp de concentration de Bergen-Belsen dont elle est une des survivantes. Victime d'une « aryanisation » de son commerce de bonneterie, la grand-mère de Nelly, Rajzla (Rosa) Witman, d'origine polonaise et de culture yiddish, parvient à survivre dans le Paris des rafles, grâce à une « planque », refuge nocturne que lui trouve une demoiselle Le Clézio, directrice de dispensaire dans le XIIIème arrondissement. Cachée dans la Sarthe grâce au réseau organisé par Enea Averbouh, à la tête de l'antenne parisienne de l'Œuvre de secours aux enfants (OSE), fonctionnant sous couvert du service 24 de l'UGIF, Nelly Scharapan est brutalement arrachée à son milieu familial et, sous le patronyme de Gillier, ballottée entre différentes familles d'accueil paysannes, une période qu'elle décrit comme celle d'une « agonie psychique », portée ensuite par trois générations.