Carole Sandrel (née Mireille Cherchevsky) [01:32:44]

Biographie


Mireille Cherchevski, née le 9 mars 1938, a consigné son expérience d'enfant cachée dans un roman, Le secret, publié en 1987 sous le pseudonyme de Carole Sandrel. Ses parents, Germaine Bernard, nièce de Bernard Lazare, le défenseur du capitaine Dreyfus, et Abraham Cherchevski, né en Palestine d'une famille émigrée de Vilnius, naturalisé français en 1924, journaliste, appartiennent à la mouvance sioniste laïque. En 1942, tous deux sont cadres de l'Union générale des Israélites de France (UGIF), organisation de regroupement des œuvres juives imposée par une loi du gouvernement de Vichy. Leurs deux filles Sylvie et Eve Line, huit et onze ans, sont placées le 1er juillet 1943 à Levroux près de Châteauroux, dans la famille de Clémentine Couagnon, ancienne domestique de leur grand-père Edmond Bernard. Mireille, cinq ans, la plus jeune, a pu quitter la capitale par l'entremise de Jeannette Zantner, une voisine. A Saint-Germain-les-Senailly, un village de Côte-d'Or, le brutal menuisier Zantner la fait passer pour sa nièce jusqu'à la Libération. Sa mère fait partie des cinquante-deux employés raflés par les Allemands, le 30 juillet 1943, au siège du service d'assistance sociale de l'UGIF, rue de la Bienfaisance à Paris. Elle est déportée à Auschwitz par le convoi n° 59 et gazée. Son père, abandonnant le foyer d'enfants juifs de Neuilly-sur-Seine qu'il dirige depuis février 1943, survit dans la clandestinité, caché par la couturière Marguerite Delouche sous les combles de l'immeuble du 1 rue du Mail, dans le IIème arrondissement. Arrêté le 6 avril 1944 par des inspecteurs du Commissariat général aux Questions juives voisin, il est déporté de Drancy le 15 mai 1944 et assassiné à Kaunas. Consignés plus de quarante ans après les faits, les souvenirs de Mireille Cherchevski laissent transparaître un traumatisme et un rejet des expressions de la mémoire juive collective.