Général André Rogerie [02:00:32]

Biographie


Sous le titre Vivre c'est vaincre, le déporté résistant André Rogerie a achevé le 21 octobre 1945, dans un livre publié à compte d'auteur l'année suivante, le récit d'un « témoin extérieur » de l'extermination des Juifs et des Tsiganes à Auschwitz. Issu d'un milieu catholique d'Angoulême, André Rogerie se destine, à l'instar d'un père mort de ses blessures de la Grande guerre et d'un frère aîné tué en 1940, à une carrière d'officier. En 1941, au lycée parisien Saint-Louis, il prépare le concours d'entrée à Saint-Cyr, quand il est approché par des membres du réseau « Ceux de la Libération », fondé depuis novembre 1940 par Maurice Ripoche. En tentant de rejoindre les forces de la France libre par l'Espagne, André Rogerie est arrêté à Dax par les Allemands, le 3 juillet 1943. Emprisonné à Biarritz puis au fort du Hâ à Bordeaux, il est transféré au camp d'internement de Compiègne et déporté au camp de concentration de Buchenwald. Il a vingt-et-un ans. Affecté à une usine d'armement du camp de Dora, il est blessé et contracte une pneumonie. Son parcours est emblématique de la diversité des voies de circulation entre les camps. Désigné le 5 février 1944 pour faire partie d'un transport d'un millier de malades dirigés vers le camp de Maïdanek près de Lublin, il est le seul survivant d'un groupe de 181 Français. De là, le 15 avril, il est déporté au camp d'extermination de Birkenau, où il est tatoué à son arrivée le 18. Placé dans le block de quarantaine, il fait la connaissance du Dr Steinberg de Paris. Comme le remarque Annette Wieviorka dans son ouvrage Déportation et génocide, en dessinant de mémoire le plan de Birkenau et le schéma du crématoire II ou III, André Rogerie est l'auteur d'un des plus anciens documents iconographiques au sujet de l'extermination, une source étrangement ignorée pendant plus de trente ans par les historiens.