Igor Dromesko [02:01:17]

Oiseaux et théâtre

  • Igor Dromesko
    Moi, j’ai fait, je suis parti avec ma caravane dans le jardin de mes parents avec Lily. Un an et demi, voilà, on a fait Fanny, notre deuxième fille. On n’a pas perdu de temps complètement. Et pendant que Lily était enceinte de Fanny, elle avait déjà un bon gros ventre. À chaque fois qu’elle allait faire les courses, son caprice de femme enceinte, ce n’était pas d’acheter des éclairs, religieuses au chocolat. C’était d’acheter des oiseaux. Elle revenait à chaque fois avec des piafs. Donc, j’avais mon camion qui était là. Donc, je commence à faire une volière pour mettre ses perruches. Et puis après, il y a eu soixante piafs, quoi. Et là, on s'est dit : bon qu’est ce qu’on va faire ? Il faut bien qu’on fasse quelque chose. Donc, on s’est dit : on va faire une volière. Il y avait beaucoup de perruches, des becs pointus, il y avait des corneilles. Moi, j’ai toujours aimé les corvidés. Ce n’est pas les corbeaux parce que c’est des corneilles, le grand corbeau. Et puis, on est allé une fois, c’était à Upie, je crois. Il y avait un gars qui est très sympa d’ailleurs, qui était responsable des oiseaux au zoo de Vincennes avant et qui a ouvert un parc d’oiseaux. Et il avait des marabouts. Et Lily, elle, est tombée amoureuse, elle est restée devant, pas de moi, ça c’était avant, mais tombée amoureuse des marabouts. Et du coup après, on est allé en banlieue, vers Poissy. On dit : où est ce qu’on va trouver un marabout ? Donc, on est allé à Animal Center et on dit : on voudrait un marabout. Il dit : Revenez dans une semaine, je vous dis si je peux en trouver un. Et trois semaines après arrivait un marabout dans une boîte comme ça. Il était replié comme un truc en kit, là, comme un marabout d’Ikea ou de je ne sais pas où. Et c’est Charles, monsieur Charles qui était craintif au début, sortant de sa boîte. Ça fait 23 ans qu’il est avec nous, il est toujours là. On a toujours dit : de toute façon le jour où on le retrouve sur le dos, on arrête tout ça, on passe à quelque chose de sérieux, un vrai métier. Et il est toujours bien vivant. Et s'il nous la joue Jeanne Calment, c'est-à-dire s’il ouvre ses ailes encore pendant quinze ans, je ne sais pas ce qu’on va faire, parce que, ce n’est pas que j’en ai marre, mais enfin, voilà. Donc il y a le marabout, et il y avait plein d’autres choses. On avait fait ce grand arbre avec Jean-Marc Stehlé là, qui est un grand copain.
  • Rosita Boisseau
    Et un très beau chapiteau très particulier.
  • Igor Dromesko
    Voilà, cette volière. Ça, c’était un petit dessin, une nuit, bourré, enfin pas bourré. Même s'il y a des courbes, c'était pas parce que j’étais bourré, parce que je trouvais ça joli. Et puis après, ça a ressemblé à ce dessin. Et je l'ai toujours ce dessin, c'est drôle. Et la volière , voilà. Un petit dessin, une bouteille de vodka, on s’applique, on colorie, et puis après, ça s’est… quelques mois après c’est sorti. Voilà, elle est venue. Non, ce qui était beau, moi ce que j’adorais dans cette volière, c’est que ce n’était pas un lieu de spectacle. Et à partir de ce moment-là d’ailleurs, parce qu'à Zingaro c’était différent, il y avait un chapiteau. Après, Patrick Bouchain, mon copain architecte qui n’en est pas un, avait construit le truc à Aubervilliers, mais c’est le moment où ça s’était scratché. Donc, je n’étais pas là, j’étais parti. Et depuis ce moment-là, toutes les coquilles, on est comme des escargots, on se balade lentement, on met longtemps à faire un spectacle parce qu'on se déplace à la vitesse d’un escargot. Mais avec notre coquille sur le dos, on se balade avec nos baraques, et les gens rentrent dans... enfin les gens, le public, ce qui sont les invités d’un soir, là, rentrent dans ces trucs qui sont en même temps le décor et l’écrin et le décor en même temps, c'est-à-dire qu’ils sont chez quelqu’un. Là, ils étaient dans la volière . Ils étaient chez nous et chez les oiseaux. Et ce qui était beau, comme tout le dôme qui faisait 18 mètres était transparent, il fallait attendre. Donc, on faisait, on se renseignait auprès de la, pas de météo. Enfin on savait, à 19h32, le soleil se couche. Donc, il fait nuit, une demi-heure après, vingt minutes après, donc, il y avait les billets "mardi, 19h32", "mercredi, 19h34". Ça changait d’heure tous les jours pour accompagner… On rentrait entre chien et loup dans cette lumière qui n’était pas une lumière, une salle de représentation, parce que c’était la lumière du jour. Et puis, les projecteurs s’allumaient quand il commençait à faire trop noir, comme quand on allume une lampe de poche parce qu’on n'y voit plus. Et ça se transformait, ça devenait petit à petit un lieu spectaculaire et de spectacle, voilà. Et puis des orages, je me souviens à Lausanne une fois, des éclairs qui tout à coup… je galopais sur mon cheval, parce que j’avais repris un cheval. Ce n’est pas que j’étais un branché chevaux, mais j’avais les boules qu’on ait arrêté Zingaro, et que ma fille qui était petite connaisse pas le cheval quoi, à part ceux dans le tartare avec les frites et tout. Donc, j’avais mon cheval. Et puis je me souviens, un orage et pouf les éclairs. Et là, il y avait ce grand arbre. Ça, on peut faire avec des effets spéciaux et des trucs, la soudure et tout. Mais un éclair qui allume, ça ne peut être que des vrais quoi, voilà. Et ça, c’était quand même… en voyant les silhouettes des corbeaux perchés sur l’arbre, ou la lune qui traversait le spectacle pendant tout le, elle traversait, on la voyait par transparence, la lune qui se déplaçait pendant tout le spectacle. Mais ça, c’était vraiment beau. Ça fait partie de la magie de ces moments-là, la volière qui était une belle aventure, quatre ans, voilà.