Nadine Heftler [03:18:34]

Biographie


Dès 1946, Nadine Heftler a consigné ses souvenirs de déportée. La publication, en 1992 sous le titre Si tu t'en sors…Auschwitz 1944-1945, est due à Pierre Vidal-Naquet. Née à Paris en 1928, elle est la fille unique de Gaston Heftler, ancien pilote décoré de la Grande Guerre qui, bien que fils d'un cardiologue juif émigré de Czestochowa, a été baptisé à la naissance et a reçu une éducation catholique et conservatrice. Par sa mère Hélène Bernheim, apparentée à la dynastie banquière des Cahen d'Anvers et à Denise Gamzon, l'épouse du fondateur des Eclaireurs israélites de France (EIF), Nadine reçoit une éducation progressiste, intègre les éclaireurs unionistes, avant d'adhérer aux EIF pendant la guerre. Cadre d'entreprises productrices de machines à coudre, le père est contraint en 1934, pour des raisons professionnelles, de quitter Paris pour Strasbourg. Surpris à Nancy par l'attaque allemande du 10 mai 1940, Nadine et les siens gagnent la bourgade de Nay dans les Pyrénées, puis, à la suite de leur expulsion de Cusset près de Vichy en 1941, Valence et Lyon, sans jamais s'être fait recenser comme Juifs. Scolarisée au lycée de jeunes filles Edgar Quinet, où enseigne Lucie Aubrac, Nadine assiste à l'entrée des troupes allemandes dans Lyon en novembre 1942. Malgré des identités d'emprunt visant à garantir leur sécurité lors de l'acheminement de leur courrier et du ravitaillement, Nadine, ses parents et sa grand-mère sont dénoncés comme Juifs et arrêtés par les Allemands le 13 mai 1944, dans leur appartement voisin de la place des Terreaux. Tandis que la grand-mère maternelle décède à l'hôpital le mois suivant, Nadine et ses parents sont transférés du siège de la Gestapo au fort Montluc puis au camp de Drancy d'où ils sont déportés à Auschwitz le 30 mai 1944. Les parents sont assassinés dans les chambres à gaz, le père dès l'arrivée, la mère à la suite d'une blessure infectée, tandis que Nadine, affectée aux kommandos extérieurs, échappe elle-même à une sélection et survit aux marches de la mort de janvier 1945 en direction des camps de Ravensbrück et de Malchow, grâce aux secours d'autres internées.