Hanoch Henri Gourarier [03:07:19]

Biographie


Sous le titre Descelle mes lèvres, Hanoch Leibowitz, dit Henri Gourarier, a publié ses mémoires en 2006. Père de Zeev Gourarier, directeur du Musée de l'Homme, il est né en 1929 à Berlin d'un père originaire de Lodz, apprenti serrurier aux usines Siemens-Halske, et d'une mère issue de la communauté des Khazars de Przemysl, en Pologne. Ensemble, ils ouvrent un magasin de confection pour hommes qui subit les premières agressions des SA, une persécution aggravée en 1938 par la décision du gouvernement polonais de déchoir de leur nationalité l'ensemble des émigrés et, à travers eux, la masse des réfugiés juifs. Après l'enlèvement du père, expulsé à Zbaszyn, à la frontière germano-polonaise, le couple décide, fin décembre 1938, de quitter l'Allemagne nazie pour Siedlce, près de Varsovie, avant de gagner Przemysl dont le territoire est partagé entre Allemands et Soviétiques lors de l'invasion de septembre 1939. Installés du côté soviétique, Hanoch, ses grands-parents, trois oncles dont l'un, Meyer, milite pour l'annexion à l'URSS, se retrouvent pris au piège lors de l'attaque allemande du 22 juin 1941. Astreints au port d'un brassard étoilé en décembre, placés sous la tutelle d'un Judenrat (conseil juif) devenu courroie de transmission des ordres de la SS, près de vingt mille Juifs sont enfermés, le 15 juillet 1942, dans un ghetto dont la partition en trois quartiers signe le début des déportations en direction du centre de mise à mort de Belzec. L'action est menée par le SS Unterscharführer Joseph Schwammberger –qui, extradé d'Argentine, sera en 1992 le premier criminel nazi jugé dans l'Allemagne réunifiée. Assistant d'un forgeron d'art, Hanoch survit comme « Juif utile », participant à la confection d'une offrande de Schwammberger au gouverneur général de Pologne, Hans Frank. Déporté avec son père au camp de Szebia, en septembre 1943, puis à Auschwitz, où sa mère et son oncle Oscar sont gazés dès leur arrivée le 6 novembre, Hanoch est apprenti de son père, réembauché par l'entreprise Siemens avant d'être battu à mort pour avoir dérobé deux oignons aux cuisines du camp. Opéré au Revier par un médecin français, Hanoch, désormais orphelin, bénéficie de nouvelles protections qui lui permettent notamment de travailler dans le kommando du « Canada » au tri des effets des déportés, et de se soustraire aux sélections. Transféré en janvier 1945 au camp de concentration de Buchenwald, puis à l'usine de Spaichingen, il est rapatrié à Nice le 14 juillet 1945.